XIII

Une beauté fatale perd la tête pour Ti Jen-tsie ; celui-ci renoue avec quelques amis décédés.

 

 

De retour à la ferme de la veuve Bu, ils virent que les sbires du tribunal avaient commencé à déblayer les décombres à présent refroidis. On en retira bientôt les restes calcinés de trois enfants et d’une femme, qu’on allongea sur le sable du jardin de méditation.

Assis près du portail, Tsiao Tai ne cessait de s’essuyer les yeux, le regard perdu dans le vide. Vu son état, Ti renonça à lui annoncer de but en blanc une certaine particularité du cadavre féminin.

— Dis-moi, Tsiao. Si j’en juge d’après les chanceuses que tu honores habituellement de ton estime, cette Mme Bu devait être une personne plantureuse ?

— Pas du tout, seigneur ! répondit Tsiao Tai, encore très ému à l’évocation de l’idéal de beauté sensuelle que représentait à ses yeux la belle Jiao. C’était une femme magnifique, grande, toute en muscles !

C’était bien l’idée que s’en était faite le mandarin. Il retourna examiner les corps. Celui de la veuve lui semblait bien court et bien frêle pour avoir intéressé son lieutenant. Les sbires avaient bien trouvé la petite famille sur les restes d’un matelas, mais il n’y avait aucun autre débris dessous. En toute logique, la chambre commune se situant à l’étage, il aurait dû y avoir sous eux des morceaux du plancher, qui s’était effondré. Ils en étaient au contraire recouverts. La seule conclusion logique était que les cadavres étaient déjà en bas, sur un lit d’appoint, avant l’incendie.

Ti se rappelait l’adage d’un des vérificateurs des décès qu’il avait employés au long de sa carrière : « Les personnes mortes dans un brasier ont des cendres dans la bouche. » Il ordonna aux sbires d’ouvrir les bouches. Elles étaient propres. Cela signifiait que les victimes n’avaient pas respiré de fumée : elles étaient mortes avant le début du feu.

La particularité, c’était que la belle Jiao n’avait plus de tête. Où était-elle passée ? Ti en était là de ses réflexions quand le capitaine des sbires l’informa qu’un étranger désirait parler à l’inspecteur en charge de l’enquête.

Un homme en costume de voyage se tenait face au tas de débris fumants, abasourdi. Il s’inclina profondément devant le magistrat. C’était un fermier du nom de Shi Ai-De. Il arrivait du district dont était originaire Mme Bu et tendit au mandarin une tablette où l’on avait inscrit ceci :

« Veuve encore jeune, énergique, j’ai du mal à élever seule trois orphelins dans ma grande ferme. Je souhaite me remarier avec un compatriote possédant quelques fonds et aimant les enfants. Cet homme deviendrait le maître de ma propriété. »

Les prêtres de Liquan avaient rédigé ce message à l’intention de leurs collègues de la région voisine, qui l’avaient placardé. Le frère cadet de M. Shi avait correspondu avec la veuve, qui s’était montrée très pressante. Il avait quitté leur village après avoir promis d’écrire pour les noces. Sans nouvelles, Ai-De avait fait prendre des renseignements. On lui avait répondu que l’entrevue avait été négative et que M. Shi était reparti se marier ailleurs ! Peu enclin à se contenter d’une telle réponse, Shi l’aîné avait prévenu la veuve qu’il viendrait la voir pour s’expliquer.

Ti caressait sa barbe d’un air pensif.

— Ton frère avait-il emporté de l’argent ?

Selon Ai-De, il avait réuni toute sa fortune, une assez grosse somme. Le fermier gardait les yeux fixés sur le magistrat. Les deux hommes étaient du même avis.

— Je ne quitterai pas cette ville avant de savoir ce qui est arrivé à mon frère, noble juge !

— Cela n’a aucun sens, dit Tsiao Tai, incapable d’imaginer que sa déesse pouvait avoir tué ses propres enfants.

Son maître était de l’opinion inverse et avait une idée sur l’endroit où chercher les preuves. Il ordonna aux sbires de retourner le beau jardin de sable. Au bout de vingt minutes, ils découvrirent un sac de toile contenant le cadavre d’un homme. À sa vue, Shi Ai-De se mit à pousser des gémissements, tomba à genoux et entama la prière aux trépassés victimes de mort violente.

À force de creuser entre les rochers ornementaux, on exhuma une demi-douzaine de dépouilles de sexe masculin. Certaines avaient encore sur elles les tablettes d’invitation de Bu Jiao. Le corps le plus frais portait un emblème du censorat. Elle avait dû s’offrir un espion en prime, parce qu’il avait sur lui de l’argent et un équipement facilement négociable.

— C’est parfait, dit Ti. Je commence à retrouver mes collègues les uns après les autres.

En fait de piété, le jardin mystique était un charnier, dont l’autel servait à conjurer l’âme des défunts assassinés. Ti espéra y déterrer l’ancien directeur de la police, mais aucune victime n’avait l’apparence d’un haut fonctionnaire de cinquante ans.

— Tu t’étais trouvé là une délicieuse amie, Tsiao ! lança-t-il à son lieutenant horrifié.

Il se fit amener Ren-le-fou et le menaça d’une inculpation pour complicité de meurtres. La vue des restes plus ou moins décomposés arracha des cris au valet épouvanté. Il jura qu’il n’avait jamais su où gisaient les corps. Un soir d’ivresse, sa patronne lui avait lancé : « J’ai fait disparaître trente-deux types ! Alors fais attention à toi ! » Il ignorait pourquoi elle l’avait chassé au lieu de le tuer. Ti, lui, en avait une idée : cette artiste du crime ne gâchait pas ses talents avec des indigents. Elle devait penser que personne ne croirait à son histoire. Ce qu’elle ne pouvait prévoir, c’était l’arrivée inopinée d’un commissaire-inspecteur. Quand Tsiao Tai s’était vanté de travailler pour lui, elle avait dû se dire que ce fonctionnaire métropolitain venait enquêter sur son compte. Il était urgent de déguerpir avant qu’il ne rencontre le frère de sa dernière proie.

Tsiao Tai était atterré.

— Tu avais raison, lui dit Ti. Cette Bu Jiao était bien une déesse : la déesse de la mort.

Nul ne pouvait plus douter qu’un tel monstre ait pu tuer sa propre descendance. Le mandarin se tourna vers le valet, à demi paralysé par l’effroi.

— Allons, Ren-le-fou. Tu dois me dire la vérité, maintenant. Où est ta maîtresse ? Veux-tu que je te libère, pour que tu t’expliques avec ces braves gens ?

Les voisins, armés des pelles qui leur avaient servi à déblayer, regardaient le complice d’un œil mauvais. Mieux valait la justice impériale que celle d’une foule en colère.

— J’avoue ! dit-il en tremblant.

Son ancienne patronne lui avait donné un peu d’argent. Il lui avait donné ses vêtements, grâce auxquels elle s’était déguisée en homme. Il l’avait conduite en charrette jusqu’à l’orée de la forêt, puis était retourné à la ferme et y avait mis le feu de l’extérieur, à l’aide d’huile de lampe et de foin préparés par la criminelle.

— Elle m’avait dit qu’elle avait confié ses enfants à la communauté du Bœuf, de l’autre côté de la ville ! Comment aurais-je pu penser qu’elle les avait assassinés ?

A considérer son petit commerce de fiançailles, Ti estima qu’elle s’était enfuie avec une vraie fortune. Il était pensif.

— Si elle est partie toute seule, à pied, à travers la forêt, il existe une chance qu’elle ait déjà reçu la punition qu’elle mérite.

— C’est une femme à assommer des fantômes d’une seule main, seigneur, objecta Tsiao Tai d’une voix sinistre.

« A condition qu’il s’agisse bien de fantômes », songea Ti.

De retour à l’auberge, il monta voir comment allait sa Première. L’humeur de la recluse privée de suivante ne s’était guère améliorée. Elle avait dû requérir les services d’une servante locale pour se coiffer, et le résultat était loin d’être splendide. Elle ressemblait à une pie grincheuse au crâne surmonté d’une aigrette déplumée.

— Vous êtes superbe, affirma son époux.

— Avez-vous des nouvelles de Roseau ? J’aimerais lui exprimer ce que je pense des domestiques qui abandonnent leur maîtresse à la première difficulté !

Il répondit qu’il croyait l’avoir retrouvée, mais que l’exposition de ses griefs s’annonçait problématique. Il lui résuma l’affaire de l’incendie. Il pensait aussi avoir résolu l’énigme de l’attentat dont elle avait été victime au bord de la rivière. La veuve Bu avait besoin d’un corps féminin pour faire croire à son décès. Elle avait engagé un tueur de la communauté du Bœuf pour qu’il lui fournisse le cadavre de la dame qui logeait à l’auberge. Ce plan ayant échoué, elle avait fait subir un mauvais sort à la pauvre Roseau lorsque madame Première l’avait envoyée lui chercher à souper en pleine nuit. Le valet Ren avait été assez fou pour mettre le feu après son départ, sans se douter qu’il serait le premier accusé et n’aurait aucun moyen de se disculper.

— Votre suivante était hélas beaucoup plus mince… je veux dire beaucoup plus osseuse et maigrichonne que vous. Cela a facilité le meurtre, mais m’a permis d’éventer la supercherie, bien que la meurtrière ait pris la peine de lui couper la tête.

— Elle lui a coupé la tête ! s’écria dame Lin, les mains sur les joues.

— Je suis navré de vous apprendre ces détails sordides, s’excusa son mari.

— Quand je pense que cela aurait pu m’arriver, à moi ! Les morts décapités sont condamnés à errer entre deux mondes jusqu’à ce qu’on ait réuni les morceaux ! Imaginez-vous de quoi j’aurais l’air en spectre sans tête ?

Il s’abstint de répondre.

Le lecteur, autre sorte de fantôme, échappé des bureaux du censorat pour tourmenter les vivants, vint féliciter le mandarin pour l’heureuse résolution de cette dernière affaire. Toute occasion étant bonne pour citer un peu de bonne littérature, il lui infligea de mémoire le passage sur les erreurs judiciaires :

— « Si un meurtre a été classé en mort naturelle et que l’assassin est finalement arrêté, l’enquêteur ne pourra échapper à une sévère réprimande. » Votre Excellence s’en est tirée au mieux, comme toujours !

La manière mystérieuse par laquelle Ruan Boyan avait momentanément repoussé l’agresseur de madame Première continuait de piquer la curiosité du magistrat. Il commençait à se dire que cet employé ne lui avait pas été confié pour lui lire des maximes stupides, mais pour assurer sa sécurité. Comment croire qu’un petit bonhomme qui n’avait l’air de rien était parvenu à arracher sa femme aux griffes d’un tueur ? Il lui lança une allusion :

— Nous savons vous et moi que vous n’êtes pas ce que vous semblez être, Ruan…

Celui-ci ne parut pas saisir le sens de ces propos :

— Jamais je ne me permettrais de mentir à Votre Excellence, se défendit-il.

— Tut-tut, fit Ti en posant un doigt sur ses lèvres. Cela me va. J’ai besoin de toutes les compétences, en ce moment.

Il se dirigea vers son logement, laissant derrière lui un balafré désarçonné.

Dans la cour, il remarqua un attroupement devant l’une des loges louées aux voyageurs. Un sbire posa un genou à terre pour s’adresser à lui :

— Un accident vient de se produire, seigneur. Un courtier en soie est mort dans son sommeil.

Le sous-préfet Ning, à l’image de ses confrères, ne se déplaçait pas volontiers pour superviser les décès, surtout quand ceux-ci étaient présentés comme naturels. Ti hésita entre l’envie d’aller faire un somme pour compléter sa nuit trop tôt interrompue et la curiosité de voir de quoi il retournait. Il poussa un soupir.

— Jamais plus je ne mettrai les pieds dans ces « tranquilles petites villes ». On est bien plus en paix dans l’agitation de la capitale ! Qu’on aille chercher mon secrétaire !

Il se dirigea vers la chambre, dont la porte était grande ouverte. Les serviteurs de l’auberge y jetaient des coups d’œil pour alimenter les ragots.

— Votre Excellence se dérange en pure perte, insista le sbire. C’était un commerçant sans histoire. Il habitait là depuis une semaine. Ses affaires n’ont pas été dérangées. J’ai assez l’expérience de ces sortes de choses pour reconnaître un décès naturel.

Ti s’immobilisa sur le seuil. Depuis quand les sous-fifres se permettaient-ils de lui donner des leçons ?

— Mon ami, je ne doute pas que ton expérience de garde-chiourme dans cette charmante cité ne soit très précieuse. J’ai moi aussi tiré quelques conclusions de mes dix-sept années passées à gouverner des districts. Voyons si nous pouvons confronter nos conclusions, veux-tu ?

Il s’apprêtait à entrer lorsque Ruan Boyan le rejoignit, son éternel manuel sous le bras.

— Votre Excellence m’a fait demander ? dit le lecteur, un grand sourire aux lèvres.

Comme d’habitude, en fait de secrétaire, on était allé lui chercher le crampon qu’il prenait grand soin d’oublier.

La loge était semblable à la sienne avec son lit tout simple, son étagère pour les vêtements et son tabouret. Un sac contenait les affaires personnelles du courtier. Un autre était plein de ses échantillons de soie. Une bourse rebondie était encore suspendue à sa ceinture, ce qui écartait effectivement l’hypothèse d’un vol. L’homme, étendu sur le matelas comme s’il s’était installé pour faire un somme, ne paraissait pas avoir subi de violences. Il portait le costume courant de son emploi, un habit solide, correctement coupé, à la fois digne, propre et discret, parfait pour se rendre chez les boutiquiers des villes qu’il traversait. Un doute surgit néanmoins dans l’esprit du magistrat comme il contemplait son visage. Il réclama de la lumière. Lorsqu’une lampe à huile eut jeté sa clarté sur les traits du courtier, il n’en crut pas ses yeux.

Le décès avait bien l’apparence de la nature. La coloration du visage, qui hésitait entre le rosâtre et le bleu, évoquait une attaque d’apoplexie. Le lecteur jeta lui aussi un coup d’œil à la dépouille, par-dessus l’épaule du magistrat.

— Mort naturelle, cette fois, dit Ruan. Il a tout à fait la mine de mon oncle, qui a succombé à une maladie de cœur, il y a trois ans. Ces gens sont fous de déranger Votre Excellence pour si peu.

— C’est un meurtre, le contredit le mandarin, sur un ton qui ne laissait aucune place à l’équivoque. On a dû l’étouffer avec quelque chose de mou qui ne laisse pas de trace, comme un coussin.

Le balafré contempla le commissaire-inspecteur avec des yeux ronds.

— Que Votre Excellence pardonne mon invraisemblable insolence, mais comment peut-elle poser un diagnostic si catégorique, alors qu’elle n’a pas même examiné le corps ? Nous avons ici un chapitre très complet sur la question des recherches post-mortem, dit-il en tapotant son gros vade-mecum.

Ti caressa du doigt la joue du défunt. Elle était parfaitement douce, sans trace de coupure. Le rasage avait été effectué de très près. S’il n’avait pas saigné, c’est parce qu’il était déjà trépassé. On lui avait ôté sa barbe et sa moustache parfaitement taillées, trop emblématiques de son rang.

— Cet homme n’est pas un courtier, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire. C’est un prince de la famille impériale. Il se nomme Li Huang-Fu. J’ai dîné avec lui hier soir.

Le regard du lecteur alla de multiples fois du mandarin au corps et inversement. Il poussa un cri aigu et se laissa tomber sur les genoux pour se prosterner devant la personne sacrée d’un parent du Dragon. Jamais il n’en avait approché de si près. Une telle rencontre, dans des circonstances si extraordinaires, le déroutait complètement. Les employés de l’auberge, qui les observaient depuis la cour, furent stupéfaits de voir le secrétaire de Son Excellence faire le ko-teou devant un courtier au cœur fragile tout en récitant la prière de louanges dédiée au Fils du Ciel.

Le vrai représentant en soie avait dû s’enfuir avec la caisse de son patron et laisser ce cadavre dans sa chambre pour mettre fin aux recherches. Restait à savoir comment un cousin de l’empereur avait fini dans un si triste rôle. C’était là un affreux tour du destin. Li Huang-Fu aurait mieux fait de se pendre pour faire plaisir à l’impératrice : il aurait au moins reçu les honneurs dus à un homme de son statut, au lieu d’échouer dans la loge minable d’un coupe-gorge. L’idée que la mort pût ravaler un prince du sang au niveau d’un simple citoyen choquait profondément le mandarin. L’ordre social voulu par le Ciel devait se perpétuer jusque dans l’au-delà. Le descendant des Li était né au-dessus du commun ; cet indigne traitement était une insulte à la perfection de la société chinoise.

Le trépas d’un membre de la famille régnante était un événement de première catégorie, à côté duquel les aléas de l’existence tels que meurtres, infanticides, complots et folie incendiaire ne pesaient plus d’aucun poids. Toute autre préoccupation était suspendue. Ti gagna sa propre chambre, ouvrit son écritoire et entreprit de rédiger une notification au service concerné, le grand secrétariat de la Cité interdite. Il se félicita de n’en avoir pas eu le temps lors de la découverte du quadruple meurtre au restaurant : il se serait donné le ridicule de contredire l’un de ses propres rapports. Il loua intérieurement la veuve Bu, qui lui avait permis d’éviter un impair, et voua aux mille tourments infernaux les assassins du banquet, qui avaient failli lui faire commettre une erreur déshonorante.

La lettre écrite, il sortit pour la porter lui-même au yamen. Le juge Ning allait devoir la confier à son cavalier le plus rapide afin qu’elle parvînt au plus tôt à Chang-an. Il eût été dommage que les parents du prince Li Huang-Fu fussent vendus comme esclaves, alors que son décès restaurait l’harmonie universelle un instant perturbée par son inexcusable désir de survie.

 

Guide de survie d’un juge en Chine
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